Les autres enfants de la Patrie

IMG_0039Avez-vous déjà entendu ce type de question ?

  • Tu te sens plus proche de ton pays d’origine ou de la France ?
  • S’il y a un match entre la France et ton pays d’origine, qui supporterais-tu ?

Si oui, cela vous êtes alors des enfants de l’immigration et que sûrement vous portez en vous plusieurs cultures . Les questions citées plus haut semblent aussi absurdes que celle-ci : « Préfères-tu ton père ou ta mère ? ». Comme si nous pouvions choisir entre les différents éléments qui structurent ce que nous sommes. Même si la pluralité est objectivement une richesse, elle peut, néanmoins, être également perçu comme une menace et source de méfiance.

En décembre 2017, un hommage national a été rendu à Johnny HALLYDAY (je ne vous ferai pas l’affront de vous le présenter). Après cet hommage, le « philosophe » Alain Finkielkraut a cru sage et bon de noter ceci : « les non-souchiens brillaient par leur absence ». En d’autres termes, les Français d’origine étrangère se mettent à part du reste du reste de pays en ne, visiblement, commémorant pas la mémoire de rockeur qui est devenu quasiment un symbole national. Les propos du sois-disant philosophe illustrent le malaise et la méfiance que peuvent ressentir la population française face à ses concitoyens « non-souchiens ». Souvent, il nous sera demandé plus de preuve d’amour et de loyauté pour le pays où nous sommes nés par rapport aux Français de « souche ». Une situation qui est à l’image de celles d’enfants illégitimes qui devront toujours faire plus d’efforts afin d’être accepté dans leurs familles. Pour répondre à Alain Finkielkraut, non l’absence des Français d’origine étrangère n’est pas un marqueur d’un refus d’intégration mais un exemple du contexte multiculturel dans lequel s’inscrit cette population. Je peux illustrer cela avec mon cas personnel, étant d’origine congolaise ma culture musicale est basée sur celle de mes parents (comme tous les enfants). Par conséquent, j’ai été élevé avec les mélodies des Théo Blaise Kounkou, Papa Wemba ou Koffi Olomidé et j’ai découvert les classiques de la musique française grâce à l’échange avec mes camarades d’école ou grâce à la télévision. Nous sommes placés dans un entre-deux inconfortable puisque nous ne sommes pas considérés comme totalement français mais d’un autre côté nous ne sommes pas des citoyens de nos pays d’origines car il faut se l’avouer nos références quotidiennes sont biens différentes.

Revenons maintenant à la France.

Nous pouvons observer que les revendications identitaires sont plus fortes et le pays, face aux menaces extérieures, peut inconsciemment (ou non) afficher sa méfiance envers ces « autres » enfants de la Patrie qui portent en eux une culture différente. Or, cette défiance peut provoquer de types de réaction néfastes. La première est un repli sur la culture d’origine de nos parents et provoquer de facto une sorte de rejet de notre part de culture française. Dans ce cas de figure, nous surjouons notre appartenance à une communauté et nous nous convainquons (à tort) que nous venons exclusivement d’ailleurs et que nous n’avons pas notre place dans ce pays. La seconde réaction est le reniement de nos cultures d’origine afin de se fondre dans la population, s’assimiler. Comme le précédent, cas de figure en faisant cela nous nous voilons la face et nous renvoyons une image déformée de ce que nous sommes.

Au delà des considérations politiques et les autres manipulation, nous devons prendre conscience de la richesse d’avoir plusieurs cultures. Nous sommes plus une plate forme d’échange que de conflits et c’est ce que la Patrie doit comprendre pour embrasser tous ses enfants.

 

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